L'Apocalypse de Jean alimentera l'imagination de tous et le proche retour du Christ servira de thème tant aux hérétiques qu'aux représentants officiels de l'Église. Le pape Grégoire 1er le Grand (540-604) écrira: «Pourquoi ne pas se rendre compte que le monde touche à sa fin ? Jour par jour, les choses se précipitent, et nous rapprochons toujours plus du Jugement qu'il nous faudra subir devant le Juge terrible et éternel ! Que faire sinon penser à son retour ?» Luther, quant à lui, n'accorda que cent ans à la durée de ce monde.
Les périodes de crise ont fortement amplifié cette réflexion eschatologique. Rien de surprenant à la voir fleurir au 19e siècle, en pleine révolution industrielle. Les progrès de la science, les bouleversements politiques, les idées nouvelles laissaient augurer pour les uns une époque de justice et de paix préparant la venue du Christ en gloire. Pour d'autres, au contraire, tout prenait forme de catastrophe.
Parti du Würtemberg à la fin du 18e siècle, un vaste réveil prophétique se développa dans toute l'Europe, émigra en Angleterre et en Amérique du Nord où il trouva un terrain de choix dans les milieux piétistes. Réagissant contre les idées déistes et libérales exportées par la Révolution française de 1789, un puissant mouvement religieux se développa en Nouvelle-Angleterre et embrasa tous les États confédérés. Des prédicateurs appelèrent à la réforme des moeurs. La Bible fut étudiée systématiquement et de grandes assemblées sous la tente soutirent la propagande religieuse. La première moitié du 19e siècle fut ainsi marquée par la multiplication de sociétés religieuses et missionnaires.
La fin du monde était-elle proche ? Quand allait-elle survenir ? Autant de questions auxquelles une cinquantaine de groupes tentèrent de répondre, dont dix-sept aux États-Unis. Parmi eux, les Millérites d'où naîtront les Adventistes du septième jour.
William MILLER ne commença à partager ses découvertes bibliques concernant les prophéties qu'à partir de 1831. Très vite il se trouva engagé dans un vaste mouvement de réveil. La prédication du, proche retour de Christ conduisait les croyants à se préparer pour cet événement solennel. Pendant quatre ans, il parcourut villes et villages, répondant aux invitations qui lui étaient adressées. Dix sept pasteurs de confessions différentes l'accréditèrent auprès de leur Église. Il prêcha plus de huit cents sermons, et de nombreuses communautés acceptèrent son message. Ne pouvant suffire à la tâche, Miller reçut l'aide de plusieurs pasteurs, entre d'autres: Joshua Himes, baptiste; Josiah Litch, méthodiste; Charles Fitch,presbytérien libre. A ces trois pasteurs s'ajoutèrent en particulier Joseph Bates, officier de marine et Sylvester Bliss, apologète.
Le mouvement garda jusqu'à la fin son caractère inter confessionnel.
Mais William Miller avait oublié une parole du Seigneur: «Quand au jour et à l'heure, nul ne le sait, même pas le Fils. Seul le Père» Et la date fixée entre l'automne 1843 et le printemps 1844 puis plus précisément au 22 octobre 1844 se révéla être fausse pour le retour du Christ. Et il s'ensuivit une terrible déception pour plus de cent mille personnes ! Par une déclaration officielle faite à Boston, les responsables reconnurent leur erreur quant à l'interprétation de l'événement, sans remettre en cause la chronologie.
Certains renoncèrent à leur espérance et abandonnèrent le mouvement. Une bonne moitié des Millérites réintégrèrent leurs Églises d'origine. Le reste, désorganisé, se regroupa ici et là, autour de certaines personnalités. Certains groupes se mirent à fixer de nouvelles dates. L'esprit de consécration se perdit peu à peu dans la controverse. Miller poursuivit son intense activité, consolant les uns, affermissant la foi des autres dans une proche parousie, mais non datée. Il mourut aveugle, le 20 décembre 1849.
Cependant, l'échec du mouvement ne signifiait pas l'échec du message. De petits groupes subsistaient, approfondissant leur expérience religieuse. Les uns arrivèrent à la conviction que le sanctuaire mentionné dans Daniel 8:14 était, selon l'Épître aux Hébreux et le livre du Lévitique, le sanctuaire céleste. D'autres, que la fidélité à la Parole de Dieu incluait l'observation du 4éme commandement du Décalogue, le sabbat septième jour, et non le dimanche premier jour de la semaine. D'autres enfin, furent encouragés à persévérer dans l'étude de la Bible et l'espérance du retour du Christ par une jeune fille nommée Ellen Gould Harmon, la future épouse de James White.
La rencontre de ces trois tendances, dans les années 1845-1848, constitua les prémices de l'Église adventiste du septième jour.
Il faut attendre 1853 pour voir la première tentative d'organisation par l'attribution de lettres de recommandation aux prédicateurs itinérants. A cette époque nul ne voulait entendre parler d'organisation, l'amour fraternel devant être le lien suffisant pour unir les Adventistes. Mais bientôt, compte tenu de l'ampleur prise par les publications, il fallut se donner une identité juridique. Quelques assemblées générales donnèrent au groupe le sentiment d'une cohésion. En 1859 l'une d'entre elles adopta le principe de la dîme pour subvenir aux besoins des prédicateurs. En 1861, l'assemblée se dota d'une organisation administrative et prit le nom d'Église adventiste du septième jour parce qu'elle voulait maintenir vivante en son sein l'espérance du retour du Christ. Du septième jour, parce que l'attente impliquait à leurs yeux l'obéissance aux commandements de Dieu , y compris le quatrième qui demande le repos du septième jour de la semaine.
Sous l'impulsion de ses dirigeants (Joseph Bates ; Hiram Edson ; James White ; Ellen Harmon, et des hommes très cultivés comme John N. Loughborough et Uriah Smith), cette toute jeune église devait connaître un très rapide essor.
Non seulement l'Amérique du Nord mais l'Europe (1864), l'Australie (1865) l'Amérique du Sud (1890) le Japon et la Corée (1899), l'Afrique du Sud (1894) et l'Afrique noire (1904) reçurent la visite de missionnaires qui y créèrent des communautés adventistes. Ainsi en moins d'un demi-siècle le message adventiste a atteint toutes les parties du monde.
En Belgique, l'Église adventiste fit ses débuts en 1897 à la même époque que la plupart des Églises évangéliques.